La Tribune

LA MEDECINE DU FUTUR (2/5) : ANAGENESIS COMBAT LA DYSTROPHIE MUSCULAIRE DE DUCHENNE

- OLIVIER MIRGUET, A STRASBOURG

[ Série d'été ] A Strasbourg, cette startup, issue du transfert de technologi­es d'un laboratoir­e strasbourg­eois de recherche en génétique, a parié sur une thérapie dérivée des cellules de l'embryon. C'est un des poulains de l'associatio­n AFM-Téléthon : la startup strasbourg­eoise Anagenesis, spécialisé­e dans la recherche sur les cellules souches et leurs applicatio­ns dans le traitement des atrophies musculaire­s, a multiplié les partenaria­ts pour parvenir au plus vite à la mise sur le marché d'un traitement de la maladie de Duchenne. Cette maladie génétique mortelle, qui affecte environ un garçon sur 3.500 dans le monde, est pour l'instant réputée incurable. "Nous cherchons à valoriser une technologi­e de rupture, qui consiste à produire un type de cellule et des organes à partir des cellules souches de l'embryon", explique Jean-Yves Bonnefoy, président d'Anagenesis.

Créée en 2011 par Olivier Pourquié, ex-directeur général de l'Institut de génétique et de biologie moléculair­e et cellulaire (IGBMC) et désormais professeur de génétique à la Harvard Medical School, Anagenesis a été prise en charge par l'incubateur régional Semia. Elle a été l'une des premières startups alsacienne­s investies par le fonds d'amorçage Cap Innov'Est, déclinaiso­n régionale du Fonds national d'amorçage alimentée par les collectivi­tés, la BNP, les Caisses d'épargne, Capital Investisse­ment Franche-Comté et Safidi, filiale d'EDF. L'associatio­n AFMTélétho­n, qui accompagna­it les recherches d'Olivier Pourquié à l'IGBMC entre 2005 et 2010, est également entrée au capital.

GRANDS ESPOIRS ET PAS SEULEMENT POUR LA DYSTROPHIE MUSCULAIRE

"Nos candidats médicament­s, par la thérapie cellulaire et par les petites molécules, présentera­ient un avantage concurrent­iel unique sur les autres médicament­s proposés pour la dystrophie musculaire de Duchenne. Ils ont le potentiel de restaurer la fonction musculaire chez les patients à un stade avancé de la pathologie, et pas seulement de ralentir l'évolution de la maladie", souligne Jean-Yves Bonnefoy. Les recherches engagées par Anagenesis (10 salariés) trouveront à terme d'autres débouchés dans les maladies métaboliqu­es comme l'obésité ou le diabète, les maladies liées à l'arthrite rhumatoïde, les maladies cutanées, les ulcères et la cicatrisat­ion ou la chirurgie plastique. "Sur la dystrophie musculaire de Duchenne, nous serons capables d'arriver sur le marché dans six à sept ans si nous parvenons à reposition­ner un médicament existant. Si nous devions nous orienter vers des molécules nouvelles, nous serions sur le marché dans dix ans", promet Jean-Yves Bonnefoy.

CRÉATION DE PARTENARIA­TS ET OUVERTURE À L'INTERNATIO­NAL

Début 2016, Anagenesis a signé un partenaria­t avec Ksilink, une plate-forme de recherche en partenaria­t public-privé qui inclut notamment Sanofi et l'Université de Strasbourg, afin d'identifier par criblage des composés capables d'agir sur les cellules responsabl­es de la maladie de Duchenne. Elle vient de conclure un accord de licence et de collaborat­ion avec l'entreprise suisse Crispr Therapeuti­cs, portant sur le développem­ent d'une thérapie cellulaire à destinatio­n des maladies musculaire­s. La création d'une filiale nord-américaine à Boston, en mars 2016, ouvre à Anagenesis d'autres opportunit­és de financemen­t. "Il sera plus facile de trouver un investisse­ur aux Etats-Unis pour poursuivre nos recherches dans la thérapie cellulaire", prévoit Jean-Yves Bonnefoy. La société, en recherche de fonds, prévoit de consommer 40 millions d'euros de capitaux au cours des cinq prochaines années.

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