NICHOLAS KALDOR, 30 ANS APRES
Trente ans après sa disparition, alors que l'analyse keynésienne revient en force en raison de la crise, les thèses de cet homme engagé restent d'une actualité brûlante. Par Alexandre Reichart, chercheur associé au sein du laboratoire PHARE (Université Paris 1 PanthéonSorbonne). Le 9 juillet 1974, Nicholas Kaldor est élevé à la dignité de baron de Newham in the City of Cambridge par la reine Élisabeth II, et commence à siéger à la Chambre des Lords du RoyaumeUni. Cet acte d'anoblissement consacre le parcours exceptionnel de celui qui, né à Budapest en 1908, ne gagne Londres qu'en 1927, après un court passage par l'Université de Berlin. Kaldor étudie à la London School of Economics, avant d'y enseigner de 1932 à 1947. Il y est influencé par les thèses d'Allyn Young et de Lionel Robbins. Fort de ce « parcours néo-classique », Kaldor est, au début de sa carrière, un "disciple enthousiaste[ 2]" de l'économiste autrichien Friedrich Van Hayek, dont il entreprend de traduire en anglais un certain nombre d'ouvrages. Ce faisant, et grâce à John Richard Hicks, Kaldor élargit son horizon intellectuel et découvre les thèses des économistes suédois, comme celles de Knut Wicksell et Gunnar Myrdal. Il s'éloigne alors peu à peu des thèses autrichiennes.
A LA FIN DES ANNÉES 1930, KALDOR EMBRASSE LE KEYNÉSIANISME
Nicholas Kaldor rompt avec Hayek à la fin des années 1930 et embrasse le keynésianisme. Keynes dira de lui, dans une lettre de recommandation destinée au Jesus College de Cambridge :