« BREXIT » : LE CULOT DE THERESA MAY
L'audace avec laquelle la Première ministre britannique se montre prête à bazarder tout l'acquis communautaire laisse Bruxelles sans voix... et désarmée. On aurait aimé croire que les Britanniques seraient en situation de faiblesse dès lors qu'ils annonceraient la date de lancement des négociations de sortie de l'Union européenne. Le traité ne précise-t-il pas que si un nouvel arrangement n'est pas négocié dans un délai de deux ans, le candidat au divorce deviendrait un simple étranger, un « pays tiers », un Zimbabwe, un Équateur ? Dès lors, si Londres voulait garder quelque chose, quoi que ce soit, de cette ancienne relation, ses « ex » pourraient lui demander... ce qu'ils veulent. C'était tout le sens des discours unanimes, de Paris à Berlin, de Madrid à La Haye sur « les quatre libertés », unes et indivisibles. Pas de circulation des capitaux, sans circulation des personnes. Pas de circulation des services (financiers, notamment) sans circulation des biens. Gloire à la sagesse des rédacteurs du traité qui avaient mis les Vingt-Sept à l'abri des caprices des Brexiters avec ce délai magique de deux ans, véritable arme de dissuasion massive contre les candidats au divorce ! Theresa May l'a pourtant brillamment désamorcée le 5 octobre. En même temps qu'elle annonçait l'ouverture des négociations pour la fin mars, elle a laissé entendre qu'elle ne demandait... rien, rien et rien ! L'union douanière dont son pays est membre depuis quarante-trois ans ? « Il semble qu'elle n'en veuille pas ; c'est énorme ! », constate, sidéré, un haut fonctionnaire. La politique commerciale ? Bof ! Le Royaume-Uni préférerait à l'avenir négocier ses propres traités commerciaux. Les règles du marché intérieur ? Pfff ! Londres se veut désormais « rule maker » et non « rule taker ». Et pour finir, « s'il y a une chose qu'elle a dite très clairement, c'est qu'elle veut reprendre le contrôle de l'immigration », ajoute cette source.