La Tribune

QUELLE REALITE DE L'IMMIGRATIO­N EN FRANCE?

- ISABELLE BENSIDOUN ET JEZABEL COUPPEY-SOUBEYRAN

L'économie internatio­nale en campagne, avec le CEPII. Questions à Anthony Edo, économiste au CEPII. -La France est-elle un pays d'immigratio­n massive ? Oui elle l'a été... à la fin des années 1920, lorsque le pays affichait un taux d'immigratio­n record devant les États-Unis, ou dans les années 1950-1960. Aujourd'hui, avec en moyenne 200 000 immigrés (définis comme des personnes nées étrangères à l'étranger) qui sont entrés chaque année sur le territoire français entre 2004 et 2012 selon l'INSEE ou 235 000 en 2013, soit entre 0,3 % et 0,4 % de la population française, on est loin d'un phénomène massif. A titre de comparaiso­n, ce chiffre correspond à l'arrivée de 291 supporters dans un Stade de France de 81 000 places. Avec un tel taux d'immigratio­n, la France est en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE, qui s'établit à 0,6 %. En outre, pour évaluer de façon pertinente le flux d'immigrés, il faut soustraire aux 235 000 entrées de 2013 les 95 000 immigrés qui ont quitté la France cette année là, ce qui porte le flux net d'entrées d'immigrés à 140 000. Une autre façon de répondre à la question est de quantifier la contributi­on des migrations à la croissance de la population française. Pour cela, il convient de comparer le flux net d'immigrés au solde naturel (naissances moins décès). En 2013, la France comptait 243 000 naissances de plus que de décès. L'apport de l'immigratio­n net à la croissance de la population française est donc de moins de 40 % (140 000 / (243 000 + 140 000)). A comparer aux presque 200 % que représente l'apport des migrations à la croissance de la population allemande, du fait d'un solde naturel négatif lié à une fécondité en berne.

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