FAUT-IL CRAINDRE LE RETOUR DU PROTECTIONNISME ?
L'économie internationale en campagne, avec le CEPII. Questions à Sébastien Jean, directeur du CEPII. Les critiques à l'encontre du libre-échange se multiplient, le processus de mondialisation a-til du plomb dans l'aile ? La perception des conséquences du commerce international a, en effet, évolué de façon négative dans les opinions publiques et les débats politiques. En Europe, les négociations du Traité transatlantique (TTIP, ou TAFTA), puis la ratification de l'accord avec le Canada ont fait l'objet de débats virulents. Dans la campagne présidentielle américaine, Donald Trump réclamait une forte augmentation de la protection douanière américaine et Hillary Clinton critiquait vivement les accords commerciaux. Dans nombre de pays émergents, également, les gouvernements semblent désormais plus préoccupés de protéger leur marché que d'ouvrir des débouchés à leurs entreprises. Le contraste est frappant avec le climat du début des années 2000, lorsque la croissance échevelée des économies émergentes y faisait voir un eldorado, dans lequel il fallait absolument prendre position. Aujourd'hui, le ralentissement du commerce mondial a inversé la perspective : les échanges sont plus souvent considérés comme un jeu à somme nulle, dans lequel il faut protéger ses entreprises, car les gains des concurrents seraient nécessairement nos pertes. Que se passerait-il si cet engouement récent pour le protectionnisme se concrétisait ?