AMERICA FIRST VS EUROPA FIRST ?
Ce sont deux dates qui passent totalement inaperçues dans le triste paysage politique de ce début d'année. Ce 7 février, l'Europe a tout simplement effacé de sa mémoire le 25e anniversaire de la signature du traité de Maastricht qui a posé les bases de la monnaie unique devenue l'euro. Un euro qui n'a jamais été aussi contesté et qui, si c'était à refaire, ne verrait sans doute jamais le jour. Et, le 25 mars prochain, le 60e anniversaire du traité de Rome ne fera pas sauter les bouchons de champagne dans une Europe déboussolée par le Brexit - Theresa May devrait ouvrir d'ici là les négociations de sortie du Royaume-Uni - et par les violentes attaques de Donald Trump, qui voit « l'Europe allemande » actuelle promise à une désintégration rapide. Prochaine étape, le Frexit avec l'élection de Marine Le Pen ? La perspective fait d'ores et déjà frissonner les marchés obligataires, avec une flambée du spread, l'écart de taux, à dix ans entre la France et l'Allemagne. Depuis le Brexit, il a été multiplié par quatre, passant de 20 points à près de 80 points de base. En 1957, l'Union européenne voyait le jour grâce à la vision commune des six pays fondateurs : France, Allemagne, Italie et Benelux (acronyme un peu suranné de nos jours). En 2017, au récent sommet informel de Malte, les mêmes (sauf l'Italie) ont relancé l'idée d'une Europe à plusieurs vitesses, seule option de sortie de crise pour une union déliquescente. À l'heure où le RoyaumeUni d'un côté, et les pays de l'Est (dits pays de « l'élargissement ») de l'autre, regardent de plus en plus vers Washington, il est temps que l'Europe réagisse. La plus virulente est Angela Merkel. Avec la foi des derniers convertis, la chancelière allemande, longtemps réticente à l'idée d'une Europe à plusieurs vitesses, a été très ferme à Malte : « Tous les États ne vont pas participer à chaque fois à toutes les étapes de l'intégration. »