UNE MEDECINE EN DESHERENCE
Les satisfecits ministériels masquent mal un système de santé à bout de souffle, entre des médecins généralistes contraints de plus en plus à des tâches administratives et des personnels hospitaliers en souffrance ou démotivés. Par Michel Tsimaratos, chef de service, Assistance Publique Hôpitaux de Marseille. Dès les premiers jours de l'année, Marisol Touraine, alertait sur la disponibilité des lits d'hospitalisation, et appelait à reporter les opérations non urgentes pour « désengorger » les services hospitaliers[ 1]. Les déserts médicaux étaient mis en lumière sans autre explication et la communication par la peur imposait son dictat. Un mois après, au moment de choisir quel deuxième va gagner, que retient-on de l'avertissement de la ministre de la Santé, au sujet du lourd bilan de l'épidémie de grippe de janvier ?
Y A-T-IL VRAIMENT MOINS DE MÉDECINS ?
La forte croissance des effectifs médicaux, dans les années 70 et 80 s'est progressivement ralentie avec la mise en place du numerus clausus en 1971. Depuis cette période, l'âge moyen à l'installation des médecins est progressivement passé de 31 ans, à plus de 35 ans dans les années 2000[ 2]. La diminution de la durée d'exercice totale d'un médecin généraliste, vendue comme une adaptation managériale dernier cri, est en fait une stratégie de réduction des budgets. Cette stratégie de réduction de l'offre, associée à l'application de la Révision Générale des Politiques Publiques[ 3], devenue Modernisation de l'Etat[ 4] a silencieusement transformé le tissu médical français[ 5].