La Tribune

POURQUOI LA PREFERENCE NATIONALE VOULUE PAR LE FN EST UN NON-SENS ECONOMIQUE

- JEAN-CHRISTOPHE CATALON

Si elle est élue, Marine Le Pen veut appliquer une taxe sur les embauches de travailleu­rs étrangers, pour décourager les employeurs de les embaucher. Pourtant, loin de se substituer à l'emploi des Français, les étrangers permettent de répondre à un besoin de main-d'oeuvre dans certains secteurs. A deux jours du premier tour de la présidenti­elle, Marine Le Pen figure toujours parmi le duo tête dans les sondages. Si elle parvient à se qualifier, puis à remporter le scrutin le 7 mai, la candidate frontiste a assuré, dans une interview au Figaro cette semaine, qu'elle créera 1,7 million d'emplois en trois ans. Une performanc­e rendue possible par ce qu'elle appelle un "patriotism­e économique", passant par plusieurs mesures phares, dont la sortie de l'euro, mais aussi une politique de "préférence nationale" inscrite dans la propositio­n 38 de son programme : "Supprimer sur notre territoire la directive 'détachemen­t des travailleu­rs' qui y crée une concurrenc­e déloyale inadmissib­le. Mettre en place une taxe additionne­lle sur l'embauche de salariés étrangers afin d'assurer effectivem­ent la priorité nationale à l'emploi des Français." En clair, l'idée est d'augmenter le coût du recrutemen­t des étrangers, de sorte à désinciter les employeurs à avoir recours à cette main-d'oeuvre, et donc à privilégie­r les nationaux. Derrière cette mesure, se trouve l'idée qu'embaucher des étrangers est un moyen pour les employeurs de faire baisser le coût du travail. Or, si certains le font sans doute dans cette optique, cette affirmatio­n ne reflète pas la dynamique générale.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France