YVES MICHAUD : "AUX ARMES, CITOYENS !"
"Le système est à bout." L'examen de la société contemporaine selon Yves Michaud résonne de manière implacable à trois jours du second tour du scrutin présidentiel. En ligne de mire, une citoyenneté qu'il estime défigurée par l'accumulation des manquements et des lâchetés. Cette citoyenneté que fondent la loyauté et le serment, le philosophe déplore qu'elle cède sous les coups insidieux d'une déliquescence qui s'exprime (presque) partout : dépérissement des élites politiques et intellectuelles, laxisme protéiforme, autorité lézardée, victimisation triomphante, aseptisation de la liberté d'expression... par la faute desquels la considération du fragile équilibre des droits et des devoirs vacille. Ainsi l'État de droit défaille "parce que l'Étatguichet s'est substitué à l'État-providence", l'incivisme meurtrier prospère "parce que l'incivisme mou est toléré", la démocratie de citoyenneté se disloque "parce que les systèmes éducatif et fiscal se décomposent", le vivre-ensemble s'érode "parce que l'organisation de la société est toute entière catégorielle"... L'identité républicaine se délite, elle est même en grand danger, alerte l'ancien directeur de l'École nationale des beaux-arts de Paris conscient du "choc" que peut susciter son propos. ____ Acteurs de l'économie - La Tribune. Est-elle celle de la démocratie ? "Ce n'est pas certain", estimez-vous ( Citoyenneté et loyauté, Kéro). Celle de l'identité ? "Ce n'est pas certain non plus." Celle de la citoyenneté ? "C'est une certitude." La crise est partout, mais c'est celle de la citoyenneté qui concentre, à vos yeux, l'essentiel des maux et de l'enjeu sociétaux, et même civilisationnels. Quels sont l'origine et les symptômes de cette crise ? Quels périls sécrète-t-elle ?