PRESIDENT MACRON : UNE NETTE VICTOIRE, MAIS UNE DERNIERE MARCHE RESTE A FRANCHIR
Pour une analyse à chaud du scrutin, trois aspects sont à aborder : les clés de ce succès, les fragilités qu’il recèle, l’importance décisive du mois à venir dans les actes et les discours. Par Arnaud Mercier, Professeur en Information-Communication à l’Institut Français de presse, Université Paris II Panthéon-Assas. L'élection à la présidence de la République d'Emmanuel Macron est un incroyable succès pour un candidat au parcours aussi atypique : création ex nihilo d'un mouvement qui ne se veut pas un parti politique un an avant l'élection ; inexpérience électorale du candidat qui n'a jamais concouru au moindre scrutin ; fragilité redoublée par son « jeune » âge alors qu'on s'emploie à dire depuis les débuts de la Ve République que la Présidence nécessite de passer la cinquantaine en ayant cumulé mandats et expériences ; volonté de dépasser les clivages habituels et les forces politiques instituées se faisant ainsi de solides ennemis de tous côtés. Malgré ces sérieux obstacles, il a réussi, en arrivant à tourner en atouts ses handicaps. Mais cette élection reste le résultat d'une conjoncture électorale plus que singulière, avec pour adversaire une candidate d'extrême droite qui fait toujours peur à une majorité de Français et qui s'est autodissoute lors de sa calamiteuse et choquante prestation télévisée de ce qu'on peine à appeler un « débat » de second tour tant elle a profané les règles du débat démocratique. Si le « vote républicain » a joué en faveur d'Emmanuel Macron, le soutien du vote populaire reste très modéré. Cela augure une difficile bataille législative pour obtenir la majorité qu'il désire pour conduire ses réformes.