LE FRONT NATIONAL 2002-2017 : DU VOTE DE CLASSE AU VOTE DE CLASSEMENT
La victoire écrasante d’Emmanuel Macron ne peut cacher le fait qu’une progression spectaculaire du vote en faveur du Front national s’est opérée depuis 2012, mais aussi depuis 2002. Par Luc Rouban, Sciences Po – USPC Créditée de 40,5 % des suffrages exprimés par la vague 14 de l'enquête électorale française du Cevipof (dont le terrain a été réalisé du 30 avril au 3 mai 2017 avant le débat télévisé), Marine Le Pen obtient un peu plus de 34 % des suffrages au soir du second tour de la présidentielle, le 7 mai. La victoire écrasante d'Emmanuel Macron ne peut cependant cacher le fait qu'une progression spectaculaire du vote en faveur du Front national s'est opérée depuis 2012, mais aussi depuis 2002 lorsque Jean?Marie Le Pen avait obtenu 17,8 % des suffrages exprimés. Cette situation peut s'expliquer sans doute par le contexte particulier de l'élection présidentielle de 2017. Au total, on remarque que 38 % seulement des électeurs déclarent, à la veille du scrutin, vouloir voter pour Emmanuel Macron par adhésion alors que la proportion d'électeurs de Marine Le Pen adhérant à son programme est de 57 %, une proportion certes bien supérieure mais qui laisse tout de même 43 % la choisir par défaut. Au total, l'élection présidentielle de 2017 a produit de nombreuses frustrations et mis en en lumière le décalage entre l'offre et la demande politique. Mais elle recouvre également un nouvel investissement dans le Front national qui absorbe en grande partie la vague populiste et souverainiste qui déferle sur la France depuis 2012. La présidente du FN entend faire de cette dynamique l'axe autour duquel elle cherche à organiser l'opposition.