AU VENEZUELA, LA GRANDE FUITE EN AVANT DE MADURO
Quotidiennes, les manifestations ont provoqué plus de 39 morts et 700 blessés en un mois. Le blocage politique et économique au Venezuela est le produit des dérives du système de gouvernement Maduro. Par Eduardo Rios Ludena, Docteur associé (CERI), Sciences Po – USPC Nicolás Maduro fait face à une situation politique inédite dans l'histoire démocratique vénézuélienne. Héritier désigné par Hugo Chávez avant sa mort en 2013, il dirige aujourd'hui une coalition d'intérêts qui contrôle les vastes ressources économiques et politiques que lui octroie la domination des institutions de l'État vénézuélien. Mais au regard de la terrible situation économique dans laquelle est plongé le pays, cette coalition paraît dans l'incapacité de garder la mainmise sur ces ressources par la simple voie électorale. Pour conserver le pouvoir dans les mains de la révolution bolivarienne, le gouvernement socialiste de Nicolás Maduro a donc décidé de noyer les contre-pouvoirs démocratiques telle que l'Assemblée nationale - passée à l'opposition en 2015 - et, plus largement, toute forme d'expression électorale qui pourrait le léser. Cette dérive autoritaire - lente mais systématique - a abouti, en avril 2017, à la convocation d'une nouvelle Assemblée constituante dite « communale » qui se substituerait à l'Assemblée nationale actuelle et dont Maduro veut sélectionner lui-même les représentants.