MACRON A BERLIN : COMMENT ET QUOI NEGOCIER AVEC MERKEL ?
En refusant d'annoncer pendant la campagne une épreuve de force avec l'Allemagne, comme l'ont fait d'autres candidats, Emmanuel Macron s'est attiré les grâces des dirigeants de Berlin. Il n'aura pas la tâche facile pour autant, même si la situation politique révélée par l'élection présidentielle lui donne des armes pour faire bouger l'Europe. Lui président, son premier appel téléphonique serait pour Angela Merkel. Ainsi l'avait promis le candidat Macron. On n'en attendait pas moins de celui qui a placé toute sa campagne sous le signe d'une relance du projet européen et de l'amitié franco-allemande au point de tenir son grand discours de campagne sur l'Europe... à Berlin, le 10 janvier, devant le public conquis d'avance de l'université Humboldt. Deux mois plus tard, il engrangeait non pas le soutien, mais au moins la faveur d'être reçu par la chancelière. Son ancien homologue au ministère de l'Économie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, alors encore président du SPD, n'avait quant à lui pas hésité à s'affranchir de toute loyauté partisane en le soutenant... alors même que Benoît Hamon était le candidat officiel du parti socialiste. Pour finir, la frayeur suscitée par l'« hypothèse Le Pen » avait amené pratiquement toute la classe politique allemande à espérer son succès. Aura-t-il pour autant la tâche plus facile quand il s'agira d'entamer des discussions avec celle qui domine depuis douze ans la politique européenne et pourrait bien réussir l'exploit d'enchaîner à la fin de l'année un cinquième mandat de chancelière ? Certes, l'alerte populiste en France donne des armes à Emmanuel Macron pour exiger une réforme de l'Europe et du fonctionnement démocratique en zone euro. Mais avec l'Allemagne, ce n'est pas aussi simple.