DES ALGORITHMES ET DES HOMMES : QUEL AVENIR POUR LE RECRUTEMENT ?
Simplification des embauches, mise en concurrence des entreprises au profit des profils recherchés : l'algorithme va-t-il concurrencer le RH. Par Mickaël Cabrol, CEO fondateur d'Easyrecrue. Le bruit court, la rumeur enfle : Facebook et Linkedin seraient sur le point d'uberiser le marché du recrutement. Le spectre d'une automatisation galopante se lève et bouscule ses acteurs traditionnels. Stupeur et tremblements... Mais « toute théorie s'expose aux rires des dieux » ; une prédiction chasse l'autre. Ces perspectives, au lieu de la scléroser, doivent stimuler la réflexion critique sur l'avenir du recrutement, et notamment sur l'avenir de la part humaine qui s'y applique. Demain, l'algorithme sera-t-il roi ? Les recruteurs sont-ils pour autant enclin à disparaître ? À défaut d'y voir clair, tâchons de penser juste. Une première remarque, en forme de paradoxe : à l'heure même où l'automatisation fait craindre un net recul de l'intervention humaine dans les processus de recrutement, les entreprises misent de plus en plus sur les compétences humaines des candidats, voyant dans les soft skills un critère de différenciation efficace. En d'autres termes, il y aurait d'un côté l'intelligence artificielle qui viendrait se substituer aux têtes chercheuses du recrutement ; et de l'autre, l'intelligence émotionnelle, permettant de distinguer les vrais talents des bêtes de concours. Au vrai, opposer les deux se révèle assez vain ; leurs juridictions ne se croisent pas. Mais cette mise en regard met l'accent sur un défi de taille : les pronostics des algorithmes seront-ils à même d'accorder à la personnalité toute l'importance qui lui revient ?