REFORME DU CODE DU TRAVAIL : LA FRANCE EST PRETE A REPRODUIRE LE MODELE ALLEMAND ?
La réforme du code du travail dépasse largement le cadre de la réglementation concernant le marché de l'emploi. Elle a des implications quasiment philosophiques dans le sens où elle remet en question l'identité même de la France et ce qui la différencie fondamentalement de l'Allemagne. Plus précisément du point de vue monétaire, c'est-à-dire de ce qui constitue l'essence - au propre et au figuré - de sa spécificité économique. Par Michel Santi, économiste (*). Jusqu'au virage «social démocrate» - en réalité néo-libéral - de François Hollande fin 2012, la France et l'Allemagne avaient deux compréhensions radicalement différentes - et même antagonistes - de ce qu'une union monétaire se devait d'être. Pour la France, un pays souverain capable de battre sa propre monnaie ne saurait faire faillite. Cet État - qui délègue cette faculté de création monétaire à sa banque centrale- reste maître de sa monnaie qu'il est en capacité d'imprimer à volonté. Cette lecture chartaliste française perçoit donc la monnaie comme une sorte de papier valeur ou d'obligation, au service de la nation. À l'opposé de la vision allemande pour qui la monnaie est un médium d'échanges destiné aux entités privées qui peuvent mettre l'État en banqueroute. Partant de là, cette interprétation allemande de la monnaie - sur laquelle le politique n'est pas censé avoir prise et qui ne doit pas être utilisée selon son bon vouloir - induit des comportements économiques radicalement différents.