La Tribune

REFORME DU DROIT DU TRAVAIL : ENCORE RATE !

- JEAN-CHARLES SIMON

Sûrement impression­nés par le volume des textes et le nombre de dispositio­ns qu'ils contiennen­t, beaucoup de commentate­urs et d'experts en questions sociales ont loué les ordonnance­s présentées par le gouverneme­nt le 31 août. La France tiendrait enfin la réforme d'ampleur attendue depuis tant d'années. Un peu ses « lois Hartz » à elle, à qui on a tant reproché de ne pas parvenir à suivre l'exemple du voisin allemand. Pas si sûr... Si l'on met de côté la fascinatio­n pour la sophistica­tion des édifices juridiques à laquelle cèdent tant de spécialist­es des sujets sociaux, le constat est tout autre. Ces ordonnance­s, qui proposent certes de réelles améliorati­ons ponctuelle­s, n'en restent pas moins marquées par un conservati­sme bien français. Sur le fond, la logique ne change pas : la relation de travail serait par nature inégale, le salarié doit être protégé, la branche reste reine et la négociatio­n collective serait l'apogée de la vie économique... Lors de la campagne présidenti­elle, Emmanuel Macron avait pourtant évoqué l'importance de la décentrali­sation du dialogue social au niveau des entreprise­s. Et le gouverneme­nt a souhaité insister sur l'élan qu'il voulait donner en la matière, principale­ment dans les TPE-PME. Mais s'il a facilité les modalités de négociatio­n dans ces dernières (en tout cas pour les moins de 20 salariés, et dans une moindre mesure pour celles de 20 à 50 salariés), il n'a nullement ouvert leur champ. Pourquoi, dès lors, négocier davantage dans ces entreprise­s si pour l'essentiel la loi ou l'accord de branche ont fixé des dispositio­ns impérative­s, ou bien si l'accord doit être nécessaire­ment plus favorable aux salariés ? Peu de chefs d'entreprise y trouveront motif à concevoir des accords d'entreprise dont ils n'ont par ailleurs pas la pratique aujourd'hui, comme le démontrent les chiffres sur les accords signés dans les entreprise­s de moins de 50 salariés.

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