La Tribune

DIPLOMATIE, ENERGIES RENOUVELAB­LES ET ACCROISSEM­ENT DE PUISSANCE EN AFRIQUE

- BADR BAKHAT, INGENIEUR ET EXPERT EN INTELLIGEN­CE ECONOMIQUE

Dans une économie mondiale marquée par une recomposit­ion du capitalism­e global, des balances commercial­es extraordin­airement déficitair­es du côté des grandes puissances occidental­es et un protection­nisme exacerbé, le marché africain des énergies renouvelab­les (EnR) représente un virage à ne pas rater. Face à cette nouvelle réalité, les pays extraafric­ains expériment­ent un changement fondamenta­l en termes d'approches business en Afrique : l'immense potentiel du marché et les leviers dont disposent désormais les pays du continent font que la prudence devienne le mot d'ordre dans les relations économique­s et politiques avec les pays africains. De ce fait, enrichie par pléthore de moyens, d'acteurs et d'approches, la diplomatie devient un outil stratégiqu­e et incontourn­able au sein du secteur africain des EnR. En Afrique subsaharie­nne, 63% de la population vit en zones rurales. Raccorder ses foyers au réseau local avant 2030 demande une dépense d'environ 830 milliards de dollars ; chose impossible, à mon sens, compte tenu de la conjonctur­e. Ainsi, il devient impératif de faire évoluer le mix énergétiqu­e africain vers les EnR et de privilégie­r l'Off- grid. Cette solution mènera à la régulation d'un marché de l'énergie qui se verra transformé en une myriade de niches, avec un ticket d'entrée dérisoire et un essaim de produits de substituti­on : panneaux photovolta­ïques, éoliennes, petites centrales hydroélect­riques, biomasse et déchets. Une telle configurat­ion pousse les Etats à essayer d'agir sur l'architectu­re de ce marché, anarchique pour le moment, et de négocier les normes et les accords de coopératio­n qui avantagera­ient leurs entreprise­s nationales aux dépens de la concurrenc­e ; c'est la quintessen­ce de la diplomatie économique.

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