L'EURO VA-T-IL FAIRE DERAILLER LA POLITIQUE DE LA BCE ?
Il est peu probable que l'appréciation de la monnaie unique puisse compromettre la sortie du programme de rachat d'actifs de la Banque centrale européenne. Par Elga Bartsch, chef économiste Europe de Morgan Stanley. La réunion de septembre du Conseil de gouvernance de la Banque centrale européenne (BCE) était attendue avec impatience par les marchés financiers. Les investisseurs espéraient en sortir avec des indications concrètes de la façon dont la BCE entendait organiser la sortie de son programme d'achat d'obligations l'an prochain. Au lieu de cela, le Conseil de gouvernance de la BCE et son président Mario Draghi, lors de la conférence de presse qui a suivi, ont exprimé leurs craintes vis-à-vis de l'appréciation marquée de l'euro. Alors qu'en juillet, quelques membres seulement du Conseil de gouvernance s'étaient inquiétés de la force de l'euro, c'est la majorité d'entre eux qui partageait les mêmes craintes lors de la réunion de septembre. Se pose alors la question du risque qu'une nouvelle appréciation de l'euro puisse compromettre le retrait de la BCE du programme d'achat d'actifs. C'est peu probable selon nous. D'autres raisons expliquent le ralentissement des achats : d'un côté, il faut prendre en compte la rareté de certaines obligations dans le courant de l'année prochaine et, d'un autre côté, le risque que la Cour constitutionnelle allemande formule une évaluation critique du programme. Ces deux facteurs penchent plutôt, à notre avis, en faveur d'une priorité accordée au retrait du programme d'achat. Nous estimons que d'autres outils réglementaires pourraient servir à guider l'orientation de la politique monétaire.