LE PEUPLE QUI VOTE MELENCHON EST-IL LE PEUPLE ?
Le décalage entre l’offre et la demande politique, notamment des catégories populaires, n’a pas disparu et ne semble guère propice à une homogénéisation des populismes. Par Luc Rouban, Sciences Po – USPC L'un des grands résultats de la séquence électorale de 2017 est la montée en force sans précédent du populisme. Les candidats qui s'y référaient d'une manière ou d'une autre, dans des directions politiques différentes - de Jean?Luc Mélenchon à Philippe Poutou et de Marine Le Pen à Nicolas Dupont-Aignan ou François Asselineau - ont en effet réuni 46 % des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle. Cette vague populiste repose sur des fondamentaux communs : réaffirmation de la souveraineté nationale, critique de l'Europe et de sa dérive capitalistique, rejet des élites politiques en place mais pas de toutes les élites (La France Insoumise défend ainsi vigoureusement les scientifiques), recherche d'une démocratie directe venant concurrencer ou amender la démocratie représentative. Au-delà de ce socle commun, les deux grandes composantes de la demande populiste, La France Insoumise (FI) et le Front national (FN), se séparent de manière radicale sur le terrain de l'immigration mais aussi sur celui de l'économie, le libéralisme de l'électorat FN étant bien plus prononcé surtout dans le sud de la France.