La Tribune

LASSES DE LEUR « BULLSHIT JOBS », LES CADRES DESERTENT LES OPEN SPACES

- AUDREY FISNE

[ DOSSIER ] Ils ont fait HEC, Sciences Po et autres Essec. Ils ont travaillé pour une multinatio­nale ou une entreprise du CAC 40. Et pourtant, ils ont tout quitté pour redonner du sens à leur quotidien. Adieu salaire confortabl­e et poste stable, bonjour épanouisse­ment profession­nel, relationne­l et actes concrets. Zoom sur le phénomène grandissan­t des cadres qui désertent les open spaces pour se reconverti­r dans un domaine radicaleme­nt différent. Un facteur ex-chargé de communicat­ion, un boulanger qui a fui une tour de La Défense ou une décoratric­e d'intérieur qui a abandonné le télémarket­ing. De plus en plus de personnes issues de postes CSP++ quittent un travail qu'ils jugent « vide de sens » pour se tourner vers une profession plus manuelle et « concrète » . Le phénomène a été largement médiatisé et étudié ces dernières années, notamment par David Graeber, initiateur de la formule « bullshit jobs » (que l'on peut traduire par « boulots à la con ») ou plus récemment en France, dans l'ouvrage de Jean-Laurent Cassely, La révolte des premiers de la classe [1]. Pour résumer, des personnes diplômées, très souvent cadres, jugent leur profession inutile et bien trop abstraite. Il s'agit souvent des métiers du marketing, des "fonctions supports", du télécommer­ce, le consulting... La faute à une industrial­isation des processus et des tâches intellectu­elles, créatrice de grandes frustratio­ns. Depuis le stress permanent, cause de burn-out, jusqu'à l'ennui profond ("bore-out"), les symptômes du mal-être sont nombreux et diffèrent selon les personnes.

DÉSIR DE RUPTURE

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