"SI MACRON VEUT FAIRE ACCEPTER SES REFORMES, IL DEVRA SE MONTRER PLUS JUSTE DANS LA REPARTITION DES EFFORTS"
GRAND ENTRETIEN. David Spector a publié cette année "La gauche, la droite et le marché" (Editions Odile Jacob), ouvrage dans lequel il s'interrogeait sur le rapport spécifique des Français aux mécanismes du marché, tant dans une perspective historique que comparative en particulier avec la Grande-Bretagne. Occasion pour "La Tribune" d'interroger cet enseignant à l'Ecole d'économie de Paris, chercheur au CNRS, sur les premiers mois de la présidence d'Emmanuel Macron, qui veut précisément transcender le clivage entre la droite et la gauche, et s'affirme sans complexe en faveur du libéralisme, de la concurrence et de la mondialisation. LA TRIBUNE - Emmanuel Macron s'est fait élire sur un programme revendiquant clairement l'acceptation du marché, l'adhésion à la construction européenne et l'adaptation à la mondialisation. La France rejoindrait-elle le consensus commun international sur le marché ? DAVID SPECTOR - Il faut faire la différence entre les discours et les politiques menées. En termes de politique économique et de transformation de la société, cela fait depuis longtemps que la France a embrassé le marché. Lorsque le général de Gaulle revient au pouvoir en 1958, il impose à sa majorité de droite et au patronat une alliance avec les socialistes pour créer le Marché commun, et abaisse progressivement les barrières douanières. Cette libéralisation s'est poursuivie sous les présidences de Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, qui ont vu entre autres la suppression du contrôle des prix et la dérégulation des marchés financiers.