LE LOUVRE ABU DHABI : UNE INNOVATION DE RUPTURE SANS LENDEMAIN ?
Analyses croisées d’un chercheur en management et de l’administrateur général du Musée du Louvre à l’époque du lancement du projet. Par Anne Gombault, Kedge Business School et Didier Selles, Kedge Business School. Dans la nouvelle économie culturelle mondiale des régions créatives, les Émirats arabes unis ont, avec le Louvre Abu Dhabi, misé très haut. Ce projet majeur et inédit, risqué en termes politiques tant en France qu'aux EAU, requérait une créativité considérable, des investissements importants, des rapprochements osés entre des mondes éloignés que personne n'imaginait quelques années plus tôt. L'innovation est radicale : l'initiative des EAU approuvée rapidement au plus haut niveau des deux États confère à ce partenariat entre les EAU et la France une nature unique au monde. Le processus de négociation de ce projet pharaonique, porté par une dynamique habituellement inconnue de l'administration française et un petit nombre de personnalités politiques, culturelles, technocratiques qui ont transcendé les freins institutionnels et imaginé des solutions inattendues, a permis une valorisation exceptionnelle de l'expertise muséale française et du nom du plus prestigieux musée du monde, le Louvre. Pourtant, l'essai n'est pas transformé à ce jour tant pour la politique culturelle française que pour le rayonnement et le développement des musées et autres grandes institutions culturelles français.