ET SI DEMAIN LES VILLES DISPARAISSAIENT...
La société pourrait-elle demain se passer des villes ? Il est plus que probable qu'elle les réinventerait. Les villes sont de "formidables" adaptateurs des activités humaines dans l'espace et le temps, elles sont l'une des meilleures expressions de l'intelligence collective territoriale. Mais si demain, elles disparaissaient, quelles en seraient les conséquences ? Denise Pumain, professeur émérite à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne y répond. Les villes sont le lieu privilégié pour l'apparition des innovations, ces inventions socialement acceptées, qui naissent des interactions sociales, facilitées par la proximité géographique que permet la grande densité urbaine. La proximité, qu'on la mesure en moindre distance à franchir sur le terrain ou en meilleure capacité de connexion dans des réseaux, n'est en effet pas seulement un réducteur de coût des communications et des transactions, elle est aussi un amplificateur considérable pour toutes les activités de création et de production qui se réalisent par les communications face à face, les échanges et les hybridations de "savoir tacite". Les villes ont construit une division du travail et des institutions qui soutiennent et enrichissent ces rencontres.
LIEU SYMBOLIQUE ET IMMATÉRIEL
Mieux encore, les villes assurent la propagation des innovations dans toutes les parties d'un territoire, du fait de leur organisation plus ou moins spontanée en "systèmes de villes" qui sont des ensembles de villes devenues interdépendantes dans leurs évolutions du fait de la haute fréquence et de la longue durée de leurs connexions. Le changement intervient rapidement dans toutes les villes d'un système de villes, dans un processus entretenu par la concurrence des acteurs urbains pour la valorisation de leurs richesses, acquises autrefois par la prédation, désormais davantage par l'émulation créative.