"ICO" : FAILLITE PROGRAMMEE OU NOUVEL AGE DU CAPITALISME ?
Le phénomène des Initial Coin Offerings (ICO) connaît en cette fin d'année un fort engouement dans le sillage de la spéculation sur les cryptomonnaies. Ces nouvelles formes de financement changent-elle le comportement des investisseurs ? Par Alexandre Avrillon, avocat. En 1716, l'économiste écossais John Law introduisit en France le système de papier-monnaie pour remettre à flots les finances du royaume après le règne éprouvant de Louis XIV. Les critiques furent alors vives contre ce papier qui se substituait à la traditionnelle monnaie métallique. Une faillite retentissante plus tard, le « système de Law » disparut dans la panique générale mais l'utilisation du papier-monnaie demeure. Trois siècles ont passé et nous assistons depuis le début de l'année au développement spectaculaire des Initial Coin Offering (ICO) ces levées de fonds d'un genre nouveau où l'investisseur reçoit des « tokens » dématérialisés en contrepartie des fonds qui ont préalablement été versés sous la forme de crypto-monnaies (dont le désormais incontournable Bitcoin). Eux-mêmes sorte de monnaie privée à l'image des miles des compagnies aériennes ou des jetons permettant d'accéder aux attractions lors des fêtes foraines, les tokens n'ont pas définition précise : certains permettent par exemple à leurs détenteurs d'accéder à de l'espace de stockage en ligne (comme le projet Filecoin), d'autres de régler des prestations sur une plateforme de location d'appartements, mais aucune règle n'existe en la matière. Demain, on pourrait parfaitement imaginer qu'une plateforme de transport comme Uber choisisse de collecter des fonds par le biais d'une ICO où les tokens remis aux investisseurs permettront alors à ces derniers de régler leurs déplacements.