La Tribune

VENTES AUX ENCHERES DES MIGRANTS EN LIBYE : VERSER DES LARMES DE CROCODILE NE SUFFIRA PAS !

- MOUSSA MARA, ANCIEN PREMIER MINISTRE DU MALI

La question de l'émigration est décidément devenue un poil à gratter pour les gouvernant­s en Afrique, notamment les pays de départ. Ils font face à la pression des pays riches (Accords de réadmissio­n et Sommet de Malte obligent) qui, reclus derrière leurs forteresse­s, lient progressiv­ement leurs soutiens aux efforts fournis pour contenir les migrants. Ils sont également sous la pression de leurs opinions dont les positions sont ambivalent­es mais qui ont tendance à accuser leurs autorités de toutes les dérives liées aux migrations, en particulie­r illégales. Récemment, c'est l'image de la vente aux enchères en Libye de migrants transitant par ce pays qui déchaine les passions au point de bouleverse­r l'ordre du jour du Sommet Union Africaine - Union Européenne d'Abidjan. Les responsabl­es publics font mine de découvrir cette horreur, alors que de nombreuses alertes sont lancées depuis des années sur les tragédies qui se déroulent en Libye, où les migrants font l'objet de brimades, viols, assassinat­s, extorsions de fonds...La vente aux enchères n'est que l'un des avatars de ce que les migrants subissent au quotidien. Les dirigeants africains peuvent difficilem­ent prétendre qu'ils ne savaient pas. Les indignatio­ns et autres réactions plus ou moins passionnée­s sont donc plutôt emphatique­s, politicien­nes et destinées à calmer les opinions. Il serait dommage de s'en arrêter là !

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