OBJET SOCIAL DE L'ENTREPRISE : MACRON A RAISON D'OUVRIR MAINTENANT LE DEBAT
Loin d’un simple aggiornamento moral ou philosophique, la réforme de l’objet social de l’entreprise constitue un enjeu clé du quinquennat d’Emmanuel Macron. Par Jean-François Vitoux, président propriétaire du groupe « Les Essentielles » Sans croissance forte et durable, les engagements financiers non budgétés de l'Etat (pour moderniser le réseau ferré par exemple, ou pour démanteler les centrales nucléaires ou encore pour remettre à niveau l'immobilier public vont se solder dans la douleur et la lenteur. Or il ne faut pas attendre de croissance forte et durable puisque la France et l'Europe vont continuer à vieillir et que rien ne remettra en cause les déplacements d'activité vers des pays bénéficiant d'avantages comparatifs forts. En plus, tant que l'Europe ne mutualisera pas une partie des fonctions régaliennes de ses États (pour la défense par exemple), l'État français sera condamné à leur consacrer des ressources considérables. En résumé, l'État et ses satellites, contraints par leurs engagements et limités par leurs recettes, ne pourront plus être des acteurs efficaces de la transformation économique et sociale du pays même s'ils ont vocation à en rester des régulateurs. Organiser un nouveau mode d'action publique adossé aux entreprises est devenu une nécessité. C'est ce schéma qui a déjà été retenu pour réformer l'apprentissage et la formation professionnelle. C'est ce choix qui justifie la suppression de l'ISF. Mais pour la France, construite par et autour de l'État, il s'agit d'une révolution copernicienne. Pour que cette révolution réussisse, il faut que l'entreprise soit légitimée comme un acteur clef de la transformation du pays. Voilà qui justifie qu'on s'attaque aujourd'hui à ce qui éloigne l'entreprise du citoyen. Et voilà qui conduit à poser la question de l'objet social de l'entreprise.