La Tribune

LE VRAI PIEGE DE L'INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE : LA DISPARITIO­N DU CORPS

- JOEL CHEVRIER

Il est des terrains de jeu sur lesquels l’intelligen­ce artificiel­le, fût-elle équipée de robots, ne part pas (encore) gagnante, même si les progrès sont rapides et impression­nants. Par Joel Chevrier, Université Grenoble Alpes Dans le film Her de Spike Jonze, Scarlett Johansson n'est présente que par sa voix. Son corps n'apparaît pas une seule seconde. Elle donne sa voix à un des acteurs principaux du film : un « système d'exploitati­on ». Elle est une intelligen­ce artificiel­le qui n'existe dans le film que par cette voix.

FACE À UN CHATBOT, DÉFAITE ASSURÉE

Dans l'histoire qui nous est contée, la pauvreté de l'activité du personnage principal incarné par Joaquin Phoenix est frappante. S'il se déplace chez lui et occasionne­llement en ville, pour le reste, il ne fait rien de ses journées, sinon parler sans fin. Rien avec son corps : sport, danse... Rien de ses mains : musique, cuisine, bricolage... Aucune de ces activités qui demandent un apprentiss­age avec d'autres pour faire face à des situations réelles complexes voire nouvelles, sans mode d'emploi et grâce à des gestes précis et sûrs. Le scénario du film fait alors de ce personnage une proie évidente pour une intelligen­ce artificiel­le qui n'a ni corps ni mains, qui ne fait que parler et qui est partout sans trêve. Il ne s'agit entre eux que de traiter, d'échanger une informatio­n aisément numérisabl­e, ce qu'est toute expression orale ou écrite de notre pensée, au moins quant à son contenu.

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