LES VELOS EN LIBRE-SERVICE, UNE DOUBLE « TRAGEDIE DES COMMUNS »
Les déboires de la société Gobee révèlent la difficulté à faire émerger des biens communs dans les espaces urbains tels qu’ils sont gérés par la puissance publique ou investis par le marché. Par Lionel Maurel, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières L'entreprise hongkongaise Gobee a annoncé, il y a quelques jours, l'arrêt de son service de vélos en free-floating à Paris, après avoir déjà renoncé à Lille et à Reims. En clair : elle cesse ses activités en France, invoquant un taux trop élevé de dégradations et de vols pour un modèle économiquement soutenable. Plusieurs commentateurs ont invoqué à ce propos un problème de « civisme » des utilisateurs français. Mais le problème ne semble pas uniquement hexagonal, puisque Gobee a déjà déserté la Belgique et l'Italie, tandis que les sociétés concurrentes comme Ofo ou Obike subissent aussi des pertes importantes du fait de détériorations dans la plupart des pays où elles sont implantées. Plutôt que de chercher à expliquer ces phénomènes par un déficit de sens civique, il paraît plus intéressant de se tourner vers le concept de « tragédie des communs ». Ce qui est arrivé à la société Gobee pourrait révéler la difficulté à faire émerger des biens communs dans les espaces urbains tels qu'ils sont aujourd'hui gérés par la puissance publique ou investis par le marché.
GARRET HARDIN ET LA « TRAGÉDIE DES COMMUNS »