RETRAIT AMERICAIN DU JCPOA, QUEL IMPACT SUR L'EQUILIBRE DES PUISSANCES AU MOYENORIENT ?
Si Téhéran semble avoir respecté les termes de l'accord de Vienne sur le nucléaire, le régime iranien n'en a pas moins poursuivi son programme de prolifération balistique et engagé une politique d'expansion militaire. Que Donald Trump retire les États-Unis de l'accord pose la question de l'équilibre des puissances au Moyen-Orient et de la modernisation des régimes de la région. Par Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences Po, est membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol). Le retrait américain de l'accord nucléaire conclu entre les grandes puissances et l'Iran (ou JCPOA pour Joint Comprehensive Plan of Action) et le début d'embrasement militaire entre Israël et l'Iran sur le plateau du Golan posent la question de l'équilibre des puissances au Moyen-Orient et de la modernisation des régimes de la région. L'Iran a engagé une double politique depuis la signature de l'accord sur le nucléaire le 14 juillet 2015 à Vienne. Si Téhéran semble avoir respecté les termes de l'accord, comme l'ont confirmé les multiples rapports de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA), le régime iranien n'en a pas moins poursuivi son programme de prolifération balistique et engagé une politique d'expansion militaire en Irak, en Syrie, au Liban voire au Yémen via ses alliés locaux, notamment les milices chiites et le Hezbollah. Pour les conservateurs iraniens, ces engagements militaires visaient à défendre des gouvernements légitimes, puis à en engranger le bénéfice par la création d'un croissant chiite allant de Beyrouth jusqu'en Afghanistan.