La Tribune

DE L'USINE LIP A BESANCON, « IL NE RESTE PLUS QUE LE NOM »

- AUDREY FISNE

En 1973, l'usine Lip de Besançon connaît un conflit social sans précédent qui popularise l'idée d'autogestio­n, avec le slogan "On fabrique, on vend, on se paie". Dans la continuité des grèves de mai 1968, les salariés de l'entreprise horlogère, menacée de fermeture, occupent leur atelier, poursuiven­t la production et organisent une "vente sauvage" de leurs montres. Quarante-cinq ans après, que reste-t-il de Lip ? Lorsque l'on arrive sur le site où, voilà plusieurs dizaines d'années, se trouvaient les neuf hectares de l'usine de fabricatio­n des montres Lip, on peut être décontenan­cé face à la modernité du lieu. La pépinière d'entreprise­s de Palente qui y est installée aujourd'hui regroupe une trentaine de petites sociétés, plus ou moins innovantes, dans des locaux rénovés. De Lip, il ne reste plus qu'une vieille arche en béton, vestige d'une autre époque et de toute une histoire. Dans cet endroit qui héberge des jeunes pousses bisontines, on tombe sur une enseigne "Lip Industrie". Une fois franchie la porte vitrée, on se retrouve nez à nez avec de vieux cadrans et une horloge : pas de doute, nous sommes au bon endroit. Fondée en 1867 par Emmanuel Lipmann, l'horlogerie s'étendra pour devenir une entreprise familiale reconnue au niveau national. À son apogée au début des années 1950, le premier horloger de France emploie jusqu'à 1.300 personnes. Mais malgré les innovation­s, Lip a du mal à faire face à la concurrenc­e grandissan­te et, dans les années 1960, l'usine périclite. La suite de l'histoire est assez connue : au début des années 1970, les salariés, qui découvrent qu'un plan de licencieme­nt menace et que les salaires vont être gelés, occupent les lieux. Ils s'essaient à l'autogestio­n et se paient grâce à des "ventes sauvages" de montres, car la production continue. --

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France