"MAKE AMERICA 1929 AGAIN"
Durant sa campagne électorale, Trump n'eut de cesse de fanfaronner à l'encontre de la Chine qui fut stigmatisée de tous les maux, dont notamment celui de nuire hautement aux intérêts américains du fait de pratiques commerciales déloyales. Néanmoins, un an après avoir été élu, c'est contre ses alliés les plus proches - à savoir le Canada et l'Europe - que Trump se déchaîne, entretenant un mutisme trouble et troublant à l'égard de la Chine. Par Michel Santi, économiste (*). Ne s'étant en effet pas gêné de traiter la Chine d'innombrables fois de « Bad Guy », ne le voilà-t-il pourtant pas qu'il annonce le 31 mai dernier - unilatéralement et avec effet immédiat - des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium en provenance de ces pays, et qui représentent un volume d'importations substantiel de 23 milliards de dollars par an ! Peut-on traiter des alliés séculaires en compétiteurs et en adversaires ? Quelle est la logique qui sous-tend cette décision aberrante de Trump qui s'aliène irrémédiablement ses partenaires les plus proches qui auraient toutefois pu s'avérer des soutiens utiles dans une confrontation commerciale américaine avec la Chine ? Au-delà des conséquences économiques incertaines sur ce pays qui pourraient néanmoins se décliner en un regain des pressions inflationnistes et en une remontée du chômage, les USA y perdront sans aucun doute encore et plus en influence internationale. Le protectionnisme mis en place dès 1928 fut aux origines de la Grande Dépression. Souvenons-nous du Parti Républicain de l'époque espérant « soutenir certaines industries qui ne peuvent concurrencer les producteurs étrangers du fait de la faiblesse de leurs salaires et de leur niveau de vie », et de la loi « Hawley-Smoot » mise en place en juin 1930 durcissant les tarifs de 39 à 53% sur nombre d'importations.