"LE MONDE EST DANS UNE PERIODE TRAGIQUE OU LE DIALOGUE EST ROMPU" (JEAN-HERVE LORENZI)
Disruptions, transformations, ces mots sont entrés dans le langage courant des économistes. Les Rencontres d’Aix-en-Provence se tiennent du 6 au 8 juillet sur le thème des "métamorphoses du monde". Ce choix résonne avec une actualité intense : Trump fait exploser le multilatéralisme, la crise des migrants divise l’Europe, la puissance des géants technologiques inquiète. Nous entrons dans une époque de ruptures et il faut, pour résoudre ces crises, retrouver des lieux, des méthodes et processus de dialogue, affirme l’économiste Jean-Hervé Lorenzi. LA TRIBUNE - Quelle est la plus grande menace qui pèse sur l'économie mondiale ? JEAN-HERVÉ LORENZI - Le plus grand danger actuellement est que l'on doit passer d'une gestion multilatérale de l'économie et de la globalisation à une fragmentation très forte. Nous n'avons pas d'instruments adaptés pour gérer cette transition. L'Organisation mondiale du commerce (OMC), le G7 et le G20 sont régulièrement remis en cause. Il y a de nombreux problèmes que l'on ne sait pas résoudre, comme la dette mondiale par exemple. On a d'immenses difficultés liées aux migrations. Il y a une bipolarisation du marché du travail avec des tensions sociales qui sont très nouvelles. Le climat, qui reste le problème le plus grave et le plus difficile à résoudre, a un impact sur les flux transfrontaliers. Toutes ces crises se renforcent et sont interdépendantes. Avec l'arrivée de tous ces problèmes au même moment, est-on en train de vivre la fin d'un monde tel que nous l'avons connu ?