MESURER LE NON-RECOURS POUR EVITER DE DEPENSER « UN POGNON DE DINGUE »
Le gouvernement prendra-t-il en compte les possibilités de mieux mesurer et contrer le phénomène du non-recours dans sa stratégie de lutte contre la pauvreté et l'exclusion ? Par Philippe Warin, Sciences Po Grenoble « Un pognon de dingue ». Les propos d'Emmanuel Macron sur le système social curatif ont choqué. Au-delà de l'indignation, ces propos doivent être pris dans leur globalité et discutés dans leur cohérence. Il y a vingt ans, une grande loi fut promulguée en temps de cohabitation afin de lutter contre les exclusions. Cette loi du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions appelait dans son article 1er, l'État, les collectivités territoriales, les établissements publics, les organismes de sécurité sociale à participer à l'accès effectif de tous aux droits fondamentaux. Sa mise en oeuvre signa « un retour en force de l'aide et de l'action sociales (autrement dit de l'assistance) ainsi que le passage progressif d'une protection sociale assise sur l'activité professionnelle à une protection sociale reposant sur la citoyenneté ». Cette loi mobilisatrice eut la force de dépasser les clivages politiques en appelant déjà à plus de prévention et de responsabilisation, mais en garantissant les droits et un accompagnement pour les plus précaires.
UNE PAUVRETÉ QUI S'ÉTEND