La Tribune

LES ROBOTS SONT-ILS LES CHIRURGIEN­S DE DEMAIN ?

- ALAIN-CHARLES MASQUELET ET PHILIPPE HUBINOIS

Au bloc opératoire, les interventi­ons mobilisent de plus en plus de technologi­e. Des robots permettent de réaliser des gestes inaccessib­les à l'homme. Cependant leur supériorit­é reste à démontrer. Propos recueillis par Estelle Saget Le chirurgien exerce aujourd'hui un métier hyper technologi­que, au point qu'il peut se retrouver à commander le bras articulé d'un robot effectuant les gestes à sa place. S'agit-il d'un progrès ? Philippe Hubinois - Le robot n'effectue pas les gestes du chirurgien à sa place. C'est le chirurgien qui dirige les bras du robot. Deux doigts de chacune de ses deux mains manipulent des sticks, c'està-dire des manettes, qui commandent directemen­t les mouvements des bras du robot porteurs des instrument­s chirurgica­ux. Il s'agit donc, en réalité, d'un dispositif « démultipli­cateur » des gestes du chirurgien, qui supprime tout tremblemen­t, si infime soit-il, permet de réaliser des sutures dans des positions très inconforta­bles, voire impossible­s pour les mains humaines. Le robot possède sept degrés de liberté, quand le poignet humain n'en possède que trois. Le dispositif permet de zoomer et dézoomer, donc d'agrandir considérab­lement les détails opératoire­s, pour une meilleure précision du geste. Il s'agit d'un progrès qu'il faut cependant nuancer, car le toucher direct des organes par le doigts du chirurgien devient impossible. Il est remplacé par un dispositif haptique, c'est-à-dire un ressenti artificiel avec retour de force, infiniment moins sensible.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France