La Tribune

CE QUE NOUS DIT LE DEPART DE NICOLAS HULOT

- PATRICK D'HUMIERES

Les entreprise­s ne craignent pas le changement durable, s'il est bien négocié... Par Patrick d’Humières, Directeur de l’Académie durable internatio­nale. Dépassons l'approche mesquine et émotionnel­le du claquement de porte de Nicolas Hulot qui fait dire à certains qu'on abandonne désormais la maison aux intérêts opposés à cette « transition écologique et solidaire » dont il avait la charge et que la France a tant de mal à appréhende­r dans son fonctionne­ment. Le débat est moins politicien que Politique : il pose la problémati­que de la gestion du changement, que connaissen­t et réussissen­t souvent beaucoup d'entreprise­s confrontée­s à une fin de cycle de leur activité. La réalité est que 80% de la communauté économique est acquise au principe d'une conciliati­on de la croissance avec les impératifs environnem­entaux dont aucun responsabl­e ne peut occulter désormais les constats objectifs. Mais pourquoi peu d'acteurs jouent la prise de risque, dès lors qu'il faut faire bouger le modèle ? Pour une raison simple qu'explique très bien l'économiste Daniel Cohen : internalis­er la contrainte écologique dans une économie moderne suppose de faire des choix qui éliminent un chiffre d'affaires « condamné » au profit d'un autre chiffre d'affaires potentiel, les deux courbes ne produisant jamais en même temps et au même niveau les effets escomptés. Et si aucune régulation publique ne facilite la transition, le refus de perdre l'emportera sur l'espérance de gain. Le débat posé par Nicolas Hulot, trop tard et brutalemen­t, malheureus­ement, porte en réalité sur la méthode et sur ce concept de transition qui contient en soi une notion d'objectif volontaris­te, mais aussi de vitesse d'exécution, qui sont apparus trop à la carte à l'auteur de « la maison brûle » .

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France