REMANIEMENTS : LA DEMOCRATIE AU RISQUE DES EMOTIONS
L’actualité du gouvernement Philippe illustre un tournant émotionnel qui transforme, de façon insidieuse, notre relation à l’État, mais aussi à la citoyenneté et au territoire. Par Alain Faure, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Dans son dernier roman, Sylvain Tesson raconte avec malice comment le récit d'Homère sur l'odyssée d'Ulysse fourmille d'émois politiques atemporels. Les émotions ont toujours gouverné l'univers politique. Pourtant, depuis quelques années, on a l'impression qu'elles s'invitent dans notre quotidien politique de façon beaucoup plus intrusive et explosive, et parfois jusqu'au malaise. D'une certaine manière, l'actualité récente du gouvernement Philippe illustre bien ce tournant émotionnel qui transforme, de façon insidieuse, notre relation non seulement à l'État, mais aussi à la citoyenneté et au territoire. Retour en images sur trois séquences saisissantes de sanglots et de frissons.
NICOLAS HULOT ET ALEXANDRE BENALLA, LE SHAMAN DÉPITÉ ET LES FRISSONS CITOYENS
Les sanglots retenus de Nicolas Hulot (lors de sa démission impromptue sur France Inter) sont en phase avec notre attrait croissant pour un État qui serait à la fois omniscient et impuissant. La France aime ce moine-soldat-entrepreneur qui incarne si bien les inquiétudes et les espoirs des Français face au péril environnemental.