FINTECH : LE REGULATEUR DISRUPTE ?
Les différentes parties prenantes dans le développement des ces startups de la finance pourraient s’organiser en une méta-organisation qui décentraliserait la surveillance et la production des règles. Par Héloïse Berkowitz, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et Antoine Souchaud, Neoma Business School Le secteur des fintech inspire d'immenses espoirs pour le développement économique. Mais il soulève aussi de nombreux enjeux de régulation. Le terme fintech, ce mot-valise qui rassemble finance et technologie, recouvre une réalité économique variée d'innovations technologiques ou techniques visant à optimiser les produits ou services financiers. Au-delà de cette définition « parapluie », le terme fintech agit comme un minotaure : il fait peur. Et il fait peur à plusieurs titres. Le terme fintech est anxiogène tout d'abord parce qu'il suggère une multiplicité de risques potentiels pour les utilisateurs. Ces risques sont liés à la finance et à sa digitalisation : les fraudes sur les plates-formes de financement participatif ou d'ICO ( Initial Coin Offerings), le blanchiment d'argent, ou encore les pertes en capital potentiellement élevées et mal appréhendées par les investisseurs. Le terme fintech suscite aussi des peurs parce qu'il représente l'innovation dans ce qu'elle possède potentiellement de plus incontrôlable. Une innovation qui induit des transformations profondes de l'économie et des modes de consommation. Ces transformations sont entourées de fortes incertitudes, en raison du caractère émergent et non stabilisé des acteurs et de leurs business models. Enfin, le terme fintech est aussi profondément anxiogène car on ignore encore si la réalité qu'il recouvre va disrupter la finance en la mettant au service de l'économie réelle, ou bien, au contraire, si elle va nourrir les dérives qui ont conduit à plus de dix ans de crise économique.