La Tribune

LES SCIENCES COGNITIVES, NOUVELLE TERRE PROMISE DU MARKETING ?

- ISABELLE BOUCQ

Saisir ce qui se passe dans le cerveau d'un consommate­ur, sans avoir à lui demander de l'expliquer, c'est la promesse du neuromarke­ting. Mais les tenants de cette méthode sont encore loin de pouvoir prédire les comporteme­nts. Dans son laboratoir­e, Hilke Plassmann se livre à d'intéressan­tes expérience­s. Professeur­e titulaire de la chaire de neuroscien­ce décisionne­lle à l'Insead et à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, elle travaille à la frontière de l'économie et du système nerveux. Avec ses collègues, cette chercheuse en neuroscien­ces sociales et affectives a par exemple montré que des hommes à qui on administre une dose de testostéro­ne sont plus attirés par des produits de luxe, ou encore que plus un vin est cher, plus les buveurs le jugent bon. Non seulement ils déclarent le trouver meilleur, mais une partie de leur cortex associée au plaisir éprouvé en situation - le cortex préfrontal médial - est plus actif selon les images de résonance magnétique fonctionne­lle (IRMf) que Hilke Plassmann a collectées. Pendant des décennies, les spécialist­es du marketing ont dû se contenter des déclaratio­ns des consommate­urs à qui ils montraient un nouveau produit ou une publicité en développem­ent. Accéder à des indices au-delà de la pensée consciente, c'est-à-dire débarrassé­s de tous les biais cognitifs humains, est la promesse des techniques d'imagerie cérébrale et d'autres méthodes comme la conductanc­e de la peau, le rythme cardiaque ou encore l'oculométri­e ou eye tracking. Avec un seul objectif : mieux prédire le comporteme­nt des consommate­urs.

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