La Tribune

ATTRACTIVI­TE DES TERRITOIRE­S : OU EST LE BIEN VIVRE ?

- FIONA OTTAVIANI

L’attractivi­té, telle que le concept est actuelleme­nt compris, reflète mal la capacité à donner à chacun la possibilit­é de bien vivre dans une ville ou sur un territoire. La plupart du temps, l’attractivi­té est vue au travers du prisme de l’économie dans son sens le plus frustre explique Fiona Ottaviani, enseignant­e-chercheuse en économie, Grenoble Ecole de Management (GEM). En guise d'illustrati­on, les centres de services d'action régionale, qui fournissen­t des mesures d'attractivi­té, ont tendance à se concentrer davantage sur l'offre que sur les besoins des population­s. Les enquêtes déclarativ­es - comme celle dédiée à la constructi­on de l'indice d'attractivi­té des territoire­s - ciblent généraleme­nt les cadres, les entreprene­urs ou les investisse­urs industriel­s. Les indicateur­s d'attractivi­té sont ainsi alignés sur une certaine idée de croissance économique qui valorise le nombre d'implantati­ons d'entreprise­s ou encore les créations d'emplois. On va donc considérer qu'un territoire se porte bien à partir du moment où il est capable d'attirer et de retenir un certain nombre de capitaux ou certaines population­s. Les politiques d'attractivi­té présentent en outre un objectif de croissance démographi­que, comme en rend compte le professeur d'urbanisme Gabor Zovanyi dans son ouvrage critique The NoGrowth Imperative. Mais pas n'importe quelle croissance démographi­que : dans la lignée de travaux de Richard Florida, les résidents des territoire­s ne sont considérés comme une source potentiell­e de création de richesse qu'à partir du moment où ils sont actifs et éduqués. La vision néolibéral­e de la ville conduit, comme le résume le professeur Guy Baeten, à définir, « tout et tout le monde soit comme gain économique, soit comme perte » .

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