AFFAIRE CARLOS GHOSN : LES MARCHES SANCTIONNENT LA TOUTE-PUISSANCE DU DIRIGEANT
Comment expliquer la dégringolade de l’action Renault après l’arrestation de son PDG alors que, généralement, les marchés se soucient peu du sort des dirigeants ? Éléments de réponse. Par Gunther Capelle-Blancard, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Thomas Renault, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Lundi 20 novembre, peu après l'ouverture de la bourse de Paris, le quotidien nippon Asahi Shimbun révélait que Carlos Ghosn était sur le point d'être arrêté à la descente de son jet privé. Le PDG « star » de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est soupçonné par le parquet de Tokyo d'avoir dissimulé une grande partie de ses revenus au fisc. En outre, selon plusieurs médias japonais, une filiale du groupe aurait financé l'achat de plusieurs résidences luxueuses aux quatre coins du monde. Tout est parti d'une enquête interne ouverte par les révélations d'un lanceur d'alerte, et remis à la justice japonaise. Dans les minutes qui ont suivi l'annonce, le cours de l'action Renault à la bourse de Paris s'écroulait, passant de 65 à 56 euros, avant de se stabiliser autour de 59 euros. Au total, sur la journée, l'action Renault a perdu 8,43 %, soit plus de 1,5 milliard d'euros de capitalisation boursière volatilisé dans la journée. Le lendemain à Tokyo, dès l'ouverture du marché, les actions Nissan et Mitsubishi Motors ont perdu à leur tour 6 %. Une telle annonce est évidemment une mauvaise nouvelle pour les entreprises concernées, mais comment expliquer que les pertes se mesurent en milliards ? Faut-il dès lors craindre pour les entreprises et leurs centaines de milliers salariés ?