La Tribune

"GILETS JAUNES" : VIOLENCE, LA FIN DU TABOU

- MICHEL WIEVIORKA

Le mouvement des «gilets jaunes» a accepté et compris que la violence peut être éventuelle­ment le prix à payer pour exister et exercer une forte pression sur le pouvoir. Par Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH) – USPC

Jusque dans les années 70, la violence politique ou sociale pouvait avoir une certaine légitimité. Les références à 1789 et plus largement à l'histoire des grandes colères sociales et des révolution­s trouvaient un assez large écho, y compris dans la vie intellectu­elle. Et les combats liés à la décolonisa­tion suscitaien­t eux aussi une appréciati­on souvent favorable au recours à la violence.

Mais le monde a changé.

« ON A RAISON DE SE RÉVOLTER »

Pour l'Occident, la violence révolution­naire a été associée à l'islam, avec les expérience­s de l'Iran de Khomeiny ou de l'Algérie du FIS - ce qui lui a aliéné les sympathies antérieure­s. L'islamisme est devenu une figure majeure du mal, même si le djihadisme n'a pas le monopole du terrorisme.

Le communisme s'est décomposé, et avec lui les images positives de la Révolution russe, qui ellemême s'était réclamée de la Révolution française. François Furet a pu décréter : « la Révolution (française) est terminée ». La décolonisa­tion s'est presque achevée, et la violence émancipatr­ice qui pouvait l'accompagne­r a perdu l'essentiel de son sens.

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