LES "GILETS JAUNES" VUS PAR LES HABITANTS DES QUARTIERS POPULAIRES
Si certains habitants des quartiers participent à titre individuel à ce mouvement, d’autres le rejoignent de façon sporadique. Beaucoup attendent et observent, sans pour autant se montrer hostiles. Par Eric Marliere, Université de Lille
Souvent lors de manifestations - que ce soit pour « Je suis Charlie », « Nuit debout » ou encore les mobilisations pour le climat ou le travail -, certains éditorialistes - s'interrogent sur l'absence ou le manque de visibilité des habitants des quartiers populaires urbains. La question se pose de nouveau pour le mouvement des « gilets jaunes ».
Ces formes d'interrogations, plus que suspicieuses, désignent le monde des cités HLM comme un monde à part. Une petite enquête effectuée récemment, de manière informelle, à Ermont (Vald'Oise) et Gennevilliers (Hauts-de-Seine) nous a permis de rectifier un ensemble de stéréotypes sur la question. Or, si les « gilets jaunes » mobilisent un certain nombre de personnes, ils n'engagent pas pour autant la France entière. C'est déjà une première remarque.
La seconde répond au fait que les jeunes de cité sont peu présents dans les cortèges : les « gilets jaunes » regroupent le plus souvent des personnes d'âge mûr, en âge de travailler et confrontés aux factures quotidiennes, alors que les jeunes des quartiers populaires, en âge d'aller au collège ou au lycée, vivent le plus souvent chez leur(s) parent(s).
Enfin, troisième remarque : les études empiriques montrent, le plus souvent, la fragmentation des parcours des habitants des quartiers populaires, et donc la complexité des positions politiques, économiques et sociales des personnes rencontrées sur le terrain.