LES CRYPTOMONNAIES SOCIALES, OU LA CONVERGENCE DES CONTESTATIONS MONETAIRES
L'alliance des cryptomonnaies et des monnaies locales et sociales ouvrent de nouvelles perspectives, comme le montre, entre autres, l'exemple argentin de la monedaPAR. Par Raphael Porcherot, Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay - Université Paris-Saclay
Les cours introductifs d'économie monétaire présentent souvent la monnaie comme un simple instrument. Elle ne serait au fond qu'une technologie venue prendre le relais du troc devenue inadaptée aux besoins de sociétés de plus en plus complexes. Cette conception instrumentale de la monnaie la ravale au rang de simple « voile »posé sur les échanges. Par cette formule, Jean?Baptiste Say, et à sa suite toute une tradition de pensée économique, entendent signifier que rien d'essentiel ne se joue autour de la monnaie. La monnaie est ainsi dite « neutre ». Selon cette doctrine, les banques centrales doivent être indépendantes. Des experts irresponsables devant le peuple et ses représentants les géreront. L'instrumentalisme monétaire mène donc au pouvoir des technocrates en matière de de la politique monétaire.
Pourtant, parce qu'elle est liée à la souveraineté et aux valeurs sociales, la monnaie reste un enjeu de luttes permanentes. L'Histoire ne manque d'ailleurs pas de théories ou d'expériences contestant l'orthodoxie monétaire de leur temps. Aux monnaies locales et sociales, qui sont presque
4 000 dans le monde entier, viennent aujourd'hui s'ajouter le bitcoin et les quelque
270 autres cryptomonnaies actuellement référencées.