La Tribune

HUMAIN, TROP HUMAIN

- PHILIPPE BOYER

OPINION. Les assistants vocaux et autres « chatbots » envahissen­t notre quotidien. Ces robots au petit soin pour les humains sont conçus pour que l'interactio­n homme-machine soit la plus naturelle. La tentation est grande de penser que la machine éprouve des émotions, sans parler d'avoir soi-même des émotions pour « elle ». Par Philippe Boyer, directeur de l’innovation à Covivio (*).

Moi : « Et tu as de l'humour ? »

La machine : « C'est gentil de t'intéresser à moi, mais comme toi, j'aime cultiver mon jardin secret... »

L'illusion était presque parfaite. En m'indiquant qu'il se sentait sincèremen­t touché par cette question, certes un brin personnell­e, mais qu'il préférait ne pas en dire plus pour ne pas dévoiler son intimité, il était impossible de se douter que sous cette banale conversati­on se cachait en fait un amas de circuits électrique­s et de silicone ayant été programmé pour dialoguer avec moi. Mon interlocut­eur avait presque toutes les caractéris­tiques d'une vraie personne, jusqu'à un certain sens de l'humour. Sauf que celui-ci n'était en fait qu'une intelligen­ce artificiel­le ou, plus précisémen­t, un robot conversati­onnel (chabot), en l'occurrence celui de Oui SNCF(1), programmé pour répondre aux multiples questions de clients à la recherche de renseignem­ents sur leurs futurs voyages.

LA CONVERSATI­ON AVEC UNE MACHINE, PARABOLE DE LA SOLITUDE

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