DE QUELLE DEFENSE EUROPEENNE LES DIRIGEANTS EUROPEENS NOUS PARLENT-ILS ?
OPINION. Les partisans de la méthode de gouvernance intergouvernementale préconisent une défense commune de l'Europe, reposant sur une communauté de vision stratégique. Mais, au rythme des avancées actuelles, cette défense européenne, si l'on envisage l'avènement d'une force d'intervention significative, ce ne serait pas pour 2025, mais pour dans 50, 60 voire... 100 ans. Il est plus que temps de soutenir l'autre approche, celle de la gouvernance fédérale. Par Jean Marsia, président de la Société européenne de défense AISBL (S€D).
Les relations internationales sont aujourd'hui plus incertaines qu'il y a vingt ans. Les rivalités entre les États continents se multiplient. Ils nouent et défont des alliances militaires et commerciales qui furent autrefois pérennes, ce qui comporte bien des risques et des incertitudes pour l'Europe. Celleci a fait exagérément confiance au multilatéralisme, au droit international, au libre-échange et à la protection des forces armées américaines.
Faute de moyens humains et surtout de crédits budgétaires, les gouvernements des États membres de l'Union européenne (UE), même ceux de la France, du Royaume-Uni ou de l'Allemagne, sont incapables d'assurer notre protection et de contrôler les mouvements de population. Ils manquent des capacités militaires et sécuritaires capables de tenir en échec les terroristes et de stabiliser le voisinage de l'Europe, seule façon de mettre fin aussi bien à la fuite des réfugiés qu'au désir de migration des laissés-pour-compte de la mondialisation. Seule l'Europe le pourrait, en réalisant des économies d'échelle, en supprimant les redondances et en comblant les lacunes identifiées de longue date.