COMMENT LES MONNAIES LOCALES REHABILITENT LE MULTIPLICATEUR KEYNESIEN
IDEE. Les devises mises en place en parallèle de l’euro peuvent devenir un outil de relance économique dans une zone restreinte. Par Maxime Bonneau, Burgundy School of Business
Le grand débat national propose de choisir les postes de dépense publique à réduire en priorité. Pourtant, certains économistes et organisations voient dans cette même dépense des effets bénéfiques pour l'économie. Nous contribuons au débat sur ce sujet à travers l'exemple des monnaies locales.
Au fondement des justifications de l'intervention étatique, John Maynard Keynes avance qu'une relance par la dépense publique impacterait positivement la production, et donc la croissance. C'est ce que les économistes appellent l'effet multiplicateur de la relance discrétionnaire. L'idée du multiplicateur est très simple. En 1936, l'économiste britannique expose dans sa Théorie Générale que, pour 100 unités de dépense publique investies dans l'économie, le gain total résultant de cet investissement serait de 500 unités. En d'autres termes, on multiplierait par 5 le gain associé à l'investissement initié par l'État, qui viendrait en complément de l'investissement privé.
Il y a pourtant plusieurs limites à cet effet multiplicateur, que les économistes libéraux ont mises en avant. L'effet d'éviction est un des principaux freins à l'établissement d'une relance budgétaire. Ce concept traduit le fait que la relance provenant des pouvoirs publics réduit l'investissement privé. Un autre frein est une ouverture de l'économie à une concurrence qui pèse sur les entreprises en place, qualifiée de « contrainte extérieure ».