LA SILICON VALLEY ET LE MYTHE DE LA GENERATION SPONTANEE
IDEE. Si le mythe de l'entrepreneur génial qui se lance dans son garage perdure, il occulte la longue histoire des conditions de l'innovation aux États-Unis. Par Philippe Laurier, Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST)
Une représentation de la « Vallée du silicium » composée de soleil et de jeunes pousses nourries à la corne d'abondance du capital-risque s'est imposée au fil des ans. Cocktail dont les divers ingrédients apparaissent selon un ordre pré-écrit : l'esprit libertaire des années 1960 aurait accouché de révolutions telles que le microprocesseur en 1971 puis le micro-ordinateur, dont le succès fera la fortune d'entrepreneurs audacieux devenant ensuite financeurs pour leurs émules.
Cette expression d'un cercle vertueux fait d'innovations préparatoires à d'autres, est-elle en phase avec les faits historiques ? Des noms emblématiques de la côte ouest-américaine tendraient à la confirmer, avec les naissances d'Apple, Intel ou Microsoft. Autant de géants nés, sinon dans une crèche, au moins dans un garage comme HP ou sur une table de bar entre amis.
LES BONNES FÉES DE LA RECHERCHE ET DE L'ARMÉE
À l'origine de ce cercle, on trouve la rencontre entre recherche et monde militaire. Un premier correctif notera une même date de naissance pour HP, 1939, et du centre de recherche Ames Aeronautical Laboratory sur la base militaire locale de Moffett Field. L'armée - puis la NASA soutiendra parallèlement le Jet Propulsion Laboratory né en 1936 au sein de l'université Caltech.