"GILETS JAUNES", L'INCERTITUDE DEMOCRATIQUE
IDEE. Quel est l’ordre politique recherché par ce mouvement qui refuse toute structure, tout en revendiquant la démocratie directe ? Par J. Peter Burgess, École normale supérieure (ENS) et Michalis Lianos, Université de Rouen Normandie
Depuis le 17 novembre 2018 la France est comme ensorcelée par le phénomène des « gilets jaunes ». Ni révolution, ni révolte, ni mouvement « populaire », le mouvement résisteaux catégories conventionnelles de l'analyse politique, remettant en question la continuité des principes de la Ve République, ou peut-être la possibilité même d'appliquer les principes politiques à des diverses expériences d'un quotidien déphasé par rapport aux institutions de l'administration de l'Étatprovidence. Même ceux qui évoquent le souvenir légendaire du mai 68 avouent un certain malaise à la comparaison historique.
Cet enchaînement de mobilisations en « actes » de la volonté du « peuple » interroge la société française, même si on a rarement mesuré un soutien aussi massif de l'opinion publique. Les origines du mouvement dans la périphérie géographique de l'hexagone s'accordent difficilement avec sa mise en scène dans les rues des grandes villes et de la capitale.
Quel est l'ordre politique recherché par ce mouvement qui refuse toute structure, tout en revendiquant la démocratie directe ? Quels sont les principes d'une politique fiscale ? Quelle administration nationale ? Quel président ?
En somme, que signifie la « démocratie » dans cette ambiance d'ambiguïté, voire d'incertitude ? Voici quelques pistes.