ETATS-UNIS-CHINE, LA LONGUE MARCHE VERS UN YALTA COMMERCIAL ?
IDEE. Le conflit commercial qui oppose Washington et Pékin pourrait finalement déboucher sur une négociation à deux des nouvelles règles du jeu économique mondial. Par Grégory Vanel, Grenoble École de Management (GEM)
La guerre commerciale entre Washington et Pékin ne reprendra pas tout de suite. Le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé le 25 février qu'il reportait sine die la hausse des tarifs douaniers américains portant sur 200 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine. Cette décision intervient à quelques jours de la fin de la trêve conclue en marge du dernier sommet du G20 à Buenos Aires en Argentine, en novembre 2018. Les présidents chinois Xi Jinping et américain s'étaient alors donnés 90 jours pour remettre à plat leurs différends commerciaux et parvenir à un accord satisfaisant de part et d'autre. Les deux parties saluent aujourd'hui des « progrès » réalisés par les négociateurs qui permettent de prolonger le cessez-le-feu. Ils envisagent par ailleurs d'organiser un sommet bilatéral prochainement.
Pourtant, du point de vue américain, les dernières statistiques montrent une dégradation sans précédent de la situation que la guerre commerciale était censée régler : les exportations chinoises ont encore augmenté de 9,1 % en janvier, et le déficit commercial bilatéral a été le plus important jamais enregistré (413 milliards de dollars en 2018). Même le secteur de l'acier chinois semble peu impacté par les mesures tarifaires américaines. En effet, la Chine produit désormais la moitié de l'acier dans le monde, avec 928 millions de tonnes en 2018 (contre 831 millions en 2017), en dépit d'une chute de 8,1 % de ses exportations.