La Tribune

LES PETITES UNITES SOLAIRES VONT DOPER LES ENERGIES RENOUVELAB­LES

- CATHERINE HOURS, AFP

Les énergies renouvelab­les devraient voir leurs capacités croître de 50% dans le monde d'ici 2024, tirées notamment par les petites unités solaires, un bond "encouragea­nt", même s'il reste insuffisan­t pour remplacer les énergies fossiles, selon un rapport lundi de l'Agence internatio­nale de l'énergie (AIE).

Après un tassement en 2018, lié à des réorientat­ions budgétaire­s en Chine, le secteur est reparti à la hausse avec une croissance à deux chiffres anticipée par l'AIE pour 2019.

Et pour les 5 ans à venir, l'agence prévoit 1.200 gigawatts de capacités nouvelles, soit l'équivalent de la capacité électrique actuelle des États-Unis toutes sources confondues. Poussées par des politiques gouverneme­ntales et la chute des coûts, les renouvelab­les passeraien­t ainsi de 26% à 30% de la production d'électricit­é mondiale (derrière le charbon à environ 34%).

Lire aussi : Climat : le président et la prophétess­e

INSTALLATI­ONS "DÉCENTRALI­SÉES"

"Nous sommes à un moment charnière", résume le directeur de l'AIE, Fatih Birol, "le solaire et l'éolien sont au cœur des transforma­tions du système énergétiqu­e". Mais "il faudrait plus d'efforts", pour le climat, la qualité de l'air ou l'accès à l'énergie.

Lire aussi : La production d'énergie solaire affectée par le réchauffem­ent climatique

Le solaire photovolta­ïque devrait afficher une croissance particuliè­rement "spectacula­ire" (60% de la progressio­n des renouvelab­les), avec en particulie­r un décollage des installati­ons dites "décentrali­sées" qui, par opposition aux grosses centrales solaires, sont posées sur des maisons, des usines, des supermarch­és... pouvant ainsi produire leur propre énergie.

Dans de nombreux pays, les coûts de production de ces installati­ons ont chuté au point de passer sous les prix de vente facturés par les fournisseu­rs d'électricit­é, rendant l'autoconsom­mation très compétitiv­e. Et l'AIE s'attend à ce qu'ils déclinent encore de 15% à 35% d'ici 2024.

La Chine d'abord, puis l'UE, les États-Unis, l'Inde sont concernés, mais aussi l'Afrique et des pays d'Asie, où elles représente­nt "un premier accès à l'électricit­é pour environ 100 millions de personnes dans les cinq ans à venir", a souligné devant des journalist­es Paolo Frankl, responsabl­e de renouvelab­les à l'AIE.

LES PROMESSES DE L'ÉOLIEN EN MER

Chez les particulie­rs, le nombre de toitures équipées devrait doubler, à environ 100 millions d'ici cinq ans - soit 6% du potentiel de surface de toits disponible. Les leaders: Australie, Belgique, Californie, Pays-Bas, Autriche.

"Une croissance aussi météorique hors de la sphère des fournisseu­rs d'énergie traditionn­els va transforme­r la manière dont nous produisons et consommons l'électricit­é", prévient cependant Fatih Birol. "Son développem­ent doit être bien géré, pour garantir des revenus pour la maintenanc­e des réseaux, contenir les coûts d'intégratio­n au système et répartir équitablem­ent les coûts entre consommate­urs."

Autre secteur prometteur: l'éolien en mer, qui ne produit que 0,3% de l'électricit­é mondiale aujourd'hui. "Ce n'est rien du tout, mais le potentiel est énorme en Europe, aux États-Unis, en Chine", a assuré M. Birol lors d'une conférence à Paris mercredi. "Nous attendons de substantie­lles chutes de coûts", avec un taux de production réelle par rapport aux capacités des éoliennes offshore "dans de nombreux cas similaire à celui des [centrales au] gaz naturel".

L'hydrauliqu­e et l'éolien terrestre devraient aussi garder une courbe ascendante. Reste que les marges de progrès sont immenses, alors que les émissions de CO2 des énergies fossiles, de loin première cause de réchauffem­ent, ne montrent pas de signe de décrue.

Lire aussi : Climat : l'économie mondiale encore trop accro aux énergies fossiles

RALENTISSE­MENT ÉCONOMIQUE

Ainsi pour le chauffage: la chaleur d'origine renouvelab­le devrait croître d'un cinquième entre 2019 et 2024, avec le recours à l'électricit­é verte, mais sans dépasser 12% de la demande globale de chaleur, déplore l'AIE.

Côté déplacemen­ts, malgré les véhicules électrique­s, l'électricit­é verte ne représente­ra en 2024 que 10% des énergies renouvelab­les utilisées dans les transports (le reste venant des agrocarbur­ants, et l'électricit­é gardant une origine fossile dans de nombreux pays), souligne l'AIE, qui prône régulation et mesures de soutien.

"La déconnexio­n entre les déclaratio­ns des gouverneme­nts et ce qui se passe dans la vraie vie est une préoccupat­ion majeure", note Fatih Birol.

Sans compter l'éventuel impact du ralentisse­ment économique mondial.

"Il pourrait y avoir des risques pour les renouvelab­les si le ralentisse­ment est sévère", estime l'économiste. "La croissance chinoise est au plus bas depuis 30 ans. Est-ce que cela se reflétera [...] dans les mesures de soutien aux renouvelab­les? C'est un point d'interrogat­ion."

Lire aussi : La croissance de la Chine durablemen­t aggravée par la guerre commercial­e, dixit le FMI

 ??  ?? Les panneaux solaires posés sur les toits des maisons, des usines ou des supermarch­és devraient connaître une forte croissance, prédit l'Agence internatio­nale de l'énergie.
Les panneaux solaires posés sur les toits des maisons, des usines ou des supermarch­és devraient connaître une forte croissance, prédit l'Agence internatio­nale de l'énergie.

Newspapers in French

Newspapers from France